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L’histoire



Chronologie historique de Roubia


Les premières installations de populations à Roubia au bord de l’Aude sont attestées vers 3000 ans avant Jésus Christ mais c’est avec l’arrivée des Romains dans la Narbonnaise que des vestiges sont retrouvés, datant des premiers siècles de notre ère. Une stèle, conservée au musée lapidaire de Narbonne, fait état de 2 citoyens romains propriétaires de deux domaines proches du Minervois, Robianus et Oppianus, qui ont vraisemblablement donnés les noms des villages de Roubia et Oupia. Les restes de 2 villae romaines ont été retrouvées : une au Vialaïrou (fragments de poteries et d’amphores), avec à vingt mètres au sud sur le flanc d’un coteau, 2 tombes entourées de dalles ; l’autre (fragments d’amphores, de vases à usage domestiques, débris de lampions en terre cuite, dallages en briquettes, pièces de monnaies en bronze), à cent mètres de la Font-sainte (domaine du Tourril), source captée par les Romains, côté Est du Tourril, d’une grande taille faisant penser qu’elle appartenait à un personnage important qui aurait commandé, depuis la Tour du Tourril (pierre du Tourril) à 181m d’altitude, un poste à signaux dédié à la protection des oppidas romains et à transmettre des annonces diverses depuis Carcassonne jusqu’à Béziers. Au IVe siècle, Roubia est une étape du service du courrier public sur l’ancienne voie romaine numéro 4 reliant Roubia à Bassanel, Roubia se situant au croisement de deux voies de communication majeures (voie Aquitaine et Voie Domitienne).
En 858, Roubia est donné à Isembert par le roi de France, puis à l’abbaye de Lagrasse en 1038. Le château de Roubia (12e siècle) restera la propriété de l’Église jusqu’à la Révolution. Roubia est un modeste bourg fortifié entouré de fossés, on y entrait par 3 portes principales. L’organisation spatiale du bourg en forme circulaire autour du château (circulade) montre que le développement urbain a eu lieu entre le IXe et XIIe siècles. La structure spatiale très régulière, basée sur la forme d’un cercle, succession d’anneaux disposés régulièrement autour du château, noyau central, sous la forme de rubans de maisons mitoyennes. Le féodalisme, système social naissant, aurait développé l’impact accru du château, symbole du pouvoir laïque, alors qu’auparavant c’est l’église qui jouait ce rôle. L’église a alors été implantée en dehors du noyau central, en s’intégrant au tracé d’anneaux concentriques du bâti.



A partir du XVe siècle, les États du Languedoc se mettent en place et dans les communautés villageoises apparaît une ébauche d’organisation administrative avec les syndics ; ceux-ci organisent les relations civiques des habitants, entre eux mêmes et avec les autorités , la représentation des intérêts communs à la population, la défense des libertés, des franchises et des privilèges d’une communauté, le contrôle de la levée des impositions royales, les pouvoirs de police, l’aménagement de la cité. Il est fait mention du syndic de Roubia dans les registres notariés en 1525. Le compoix de Roubia, sorte de cadastre où chaque bien est inscrit avec sa valeur foncière, qui permet le calcul de la taille, date de 1695.



La construction du Canal du Midi, par Pierre Paul Riquet, au XVIIe siècle, sous Louis XIV, a constitué pour Roubia un fait marquant. Le canal a été un important vecteur de développement commercial du secteur, le port de Roubia étant par ailleurs l’un des ports fluviaux d’importance significative pour la région du Haut Minervois. En 1690, l’arceau en pierre de taille du pont sur le canal est construit. Le canal est la propriété des héritiers de Riquet jusqu’à la Révolution, de la compagnie du Canal sous l’Empire. En 1858, le canal deviendra propriété de l’État et en 1898 un service de barques de poste et de barques marchandes est mis en place. L’étape Argens-le Somail, d’une longueur de 14.8 km nécessitait 8 relais et 24 chevaux. Chaque station relais était placée sous l’autorité d’un chef d’écurie logé sur place. Les postillons étaient recrutés parmi la population des ouvriers agricoles. Ce qui permettait à l’artisanat local de fournir et de réparer tout le matériel nécessaire au halage, les cordages, les harnachements des chevaux, le ferrage.




La Révolution française paraît peu affecter le village qui ne comptait alors que 54 habitants. La création administrative de la commune remonte au 7 février 1790 et fait l’objet d’un procès verbal qui décrit l’élection du premier maire de Roubia, Bernard BARTHES; son nom définitif aurait été fixé en 1781. Le 22 février 1792, les élus municipaux prêtent serment à la République de l’an I. Un garde champêtre est embauché le 13 mai 1792 pour garantir la sûreté et la conservation des récoltes de fourrages et de céréales. Le 17 décembre 1792, les citoyens d’Argens protestent contre l’annexion de leur commune à celle de Roubia ; ils veulent restreindre l’union des 2 communes au seul paiement de l’impôt et du salaire du culte. La terre appartient à Roubia au seigneur, au roi, aux abbayes, l’abbaye de Lagrasse ne possédant plus que quelques propriétés et droits à Roubia. Le paysage du village commence à changer. La vigne gagne du terrain et la population se plaint que les troupeaux endommagent les oliviers et la vigne. Pourtant, du Moyen Âgeà la fin de la 1ere Guerre mondiale, l’élevage ovin reste prédominant à Roubia. La laine mais aussi la viande représentent une richesse, source aussi de nombreux conflits pour le pâturage. Jusqu’au début du XIXe, les agriculteurs ne s’occupent essentiellement que de la production de céréales. Les superficies de blé sont trois fois plus importantes que celles consacrées à la vigne. La qualité des terres permet un excédent de blé, facilement exportable par le canal des deux mers. A partir de 1808, le blé du pays ne peut plus concurrencer les blés étrangers. La baisse des prix et la mévente qui s’ensuit provoque une diminution rapide de la surface cultivée au profit de la vigne (surface multipliée par 3 de 1789 à 1852) et des plantes fourragères. Les grands propriétaires commencent à s’intéresser à la viticulture, les techniques de culture et de vinification s’améliorent. On développe des cépages gros producteurs, comme l’aramon ou ceux qui donnent un vin de haut degré alcoolique, tels le carignan. Cette première révolution viticole (1812-1852), cohabite avec le maintien de la culture de l’olivier, la pratique de l’élevage du mouton et la culture céréalière. C’est le chemin de fer qui assure le triomphe de la vigne dans la 1e moitié du XIXe car il ouvre des débouchés sur le marché national et donnera naissance à une civilisation de la vigne.


A l’aube du XXe siècle, le monde rural connaît une mutation importante menée par les municipalités. Les maires auront à gérer les effets de la modernisation, tant au niveau des progrès sanitaires (établissement d’un service de médecine gratuite dans le canton en 1858) et sociaux, qu’au niveau de l’instruction publique. La construction des écoles (1833 : construction d’une maison d ‘école pour la classe et le logement de l’instituteur au dessus du four communal, 1866 : construction d’une maison d’école et d’une salle pour la mairie,1881 construction de l’école des filles) la rénovation de l’église, l’agrandissement et le déplacement du cimetière (1885-1887), la multiplication des fontaines publiques, le pavage des rues (1839), l’arrivée du télégraphe et de la poste (1895), de l’électricité (1900)…autant de progrès qui facilitent la vie des habitants de Roubia et agrémentent leur cadre de vie par la création du jardin public à côté du canal. Les moyens de déplacement eux aussi s’organisent. Les diligences assuraient un service de voiture publique pour le transport des voyageurs et de la poste jusqu’à Narbonne et de Lézignan. Dans les années 1917, l’omnibus Bourget, calèche tirée par 2 chevaux, assurait 2 fois par jour la liaison Lézignan/Paraza. Son frère faisait la liaison Paraza/Narbonne.



Le village paiera un lourd tribut lors de la Première Guerre mondiale puisque 19 Roubianais y laisseront la vie. Le 14 février 1919, il est décidé de financer le monument aux morts  » Des enfants de Roubia morts pour la patrie  » suite à une souscription publique.